Ce dossier a germé dans les services de l’ADAAQ (nouvellement Association de Développement de l’Apiculture en Nouvelle-Aquitaine) en 2006. En septembre 2011, un premier dossier pour obtenir la certification IGP ''Miel des Landes'’ est déposé à l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine).
L'Abeille Landaise, lors de son Assemblée Générale 2016, vote une motion contre cette IGP sur son territoire. Un courrier est envoyé à l’INAO pour lui signifier son opposition à un IGP Miel des Landes.
Une position courageuse qui peut étonner le public en général et le monde agricole, où toutes ses filières essaient de se démarquer pour obtenir ce précieux label, qui protège et valorise le produit tout en contribuant à favoriser l’économie locale. Sauf que, c’est la seule production agricole qui n’oblige pas le producteur à vivre et travailler sur le territoire IGP. La production locale de miel ne sera donc pas protégée par une IGP. De plus, les apiculteurs Landais ne pourraient plus utiliser l’appellation ‘’Miel des Landes’’ qui fait partie de notre patrimoine naturel, sauf à payer un impôt en intégrant ce dispositif. Par contre, l’intégration du dispositif par les apiculteurs d’ailleurs, permettrait à ces derniers de vendre notre cher ‘’Miel des Landes’’.
L’histoire d’un Institut National des Appellations d’Origine qui n’écoute que lui-même.
Le 4 mars 2019, le syndicat des miels des Landes est créé et dépose le dossier officiel de l’IGP à l’INAO.
Le 24 février 2020, l’ADANA organise une réunion exclusivement pour ses adhérents à BELIN BELIET (33) pour présenter le dossier IGP.
Le 26 mars 2020, un article sur les annonces légales paraît sur le journal SUD-OUEST. Il est précisé que toute personne peut demander le cahier des charges sur le site de l’INAO de PAU. L’Abeille Landaise fait valoir ce droit par courrier et reçoit une réponse négative.
Du 27 au 29 novembre 2020, une commission nationale d’enquête de l’INAO se déplace dans le Sud-Ouest. Aucun syndicat professionnel apicole du territoire IGP n’est contacté par cette commission.
A l’été 2021, une commission locale de consultants est nommée. Cette commission est composée d’un apiculteur, un naturaliste à la direction de l'Environnement du Conseil Départemental des Landes et un géologue de Pau. Encore une fois, cette commission de consultants mène ses travaux sur le terrain sans qu’aucun syndicat professionnel apicole ne soit contacté.
Le 18 novembre 2022, nous découvrons le cahier des charges pour une procédure nationale d’opposition réglementaire de 2 mois, où chaque partie concernée peut émettre des propositions pour modifier ce cahier des charges. Les 4 syndicats présents sur le territoire IGP ont contesté ce cahier des charges dont le niveau ne permettra pas d’obtenir un produit de qualité aux yeux du consommateur, et encore moins de garantir la provenance de ce miel.
Le 17 août 2023, un arrêté français reconnait l’IGP Miel des Landes. De nos revendications, seule la teneur en eau et l’HMF ont été modifiés sur des bases de départ ridicules, il est vrai.
La réponse de l’INAO en fin de procédure frise l’indécence et l’insolence après y avoir lu ‘’le comité national a considéré qu’une information et une consultation suffisantes des parties prenantes avait été organisées tout au long de la procédure à travers diverses réunions et occasions d’échanges y compris par voie de presse’’.
Que reproche-t-on à cette procédure et ce cahier des charges ?
- Une délimitation trompeuse pour le consommateur et les apiculteurs. Un territoire IGP qui porte le nom de notre département mais qui s’étend au-delà sur la forêt Girondine et Lot et Garonnaise. Signalé mais non pris en compte par l’INAO
- Des analyses de pollens sur des régions avec un biotope comparable. L’analyse du miel d‘acacia naturellement peu chargé en pollens ne fera aucune différence entre celui récolté en Chalosse, au Pays Basque et dans le Béarn. Signalé mais non pris en compte par l’INAO.
- Des rendements par ruche sans limite. Vous pouvez avoir 1 ruche et produire 10 tonnes de miel. Autant dire que la provenance des miels ne pourra pas être totalement contrôlée, principalement pour les miels étrangers filtrés à moins de 2 microns pour retenir les pollens et additionnés avec du miel local. Signalé mais non pris en compte par l’INAO
- Pas de contrôle et pas de gestion des transhumances d’apiculteurs de départements extérieurs pour éviter des problèmes de cohabitations avec les apiculteurs locaux et des problèmes sanitaires. Signalé mais non pris en compte par l’INAO.
- L’absence d’analyses aléatoires sur la présence de sucres et de pesticides. Un argument de qualité primordial, une garantie de confiance pour le consommateur qui achètera et l’apiculteur qui vendra sur un produit alimentaire dont les importations européennes sont à 46% des miels adultérés. Signalé mais non pris en compte par l’INAO.
Une procédure déjà rodée ailleurs.
Nous pouvons nous interroger si les influences des structures départementales ont joué un rôle dans cette procédure. Réponse : AUCUNE.
L’IGP Miel des Cévennes a été imposée par l’INAO face à l’opposition des syndicats des apiculteurs de LOZERE et du GARD, des Conseils Départementaux de LOZERE et du GARD, des Chambres d’Agriculture de LOZERE et du GARD et du Parc des CEVENNES. L’INAO n’a donc que faire des avis des structures qui font vivre les territoires.
La suite qui en sera donnée.
Notre bataille ne s’arrêtera pas maintenant. L’INAO n’a pas le souci de nous écouter, la justice peut le faire.
Le Syndicat Apicole de Gironde, l’Abeille Gasconne, l’Abeille Landaise et la Fédération des Apiculteurs de la Région Nouvelle-Aquitaine vont entamer une procédure judiciaire, en conseil d’Etat, pour casser l’arrêté de reconnaissance d’IGP.
Le Conseil d’Administration de l’Union Nationale de l’Apiculture Française a décidé d’apporter son soutien à notre cause et mettre à disposition son cabinet d’avocats parisien habitué à des batailles juridiques d’ampleur.
A la justice de nous mettre tous d’accord…
Jean Pierre LESPIAUCQ
Président de l’Abeille Landaise
Président 2023 de la FARNA